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Collège Célestin Freinet</br>Sainte Maure de Touraine (37)
Collège Célestin Freinet
Sainte Maure de Touraine (37)
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Bienvenue sur le site internet du Collège Célestin Freinet à Sainte Maure de Touraine.
L’objectif de ces pages est de donner une visibilité de tout ce qui se fait au collège, tout en servant d’outil pédagogique pour les professeurs et de source d’information pour les élèves et leurs parents.
Construit en 1967, l’établissement accueille en 2015, 479 élèves dont 57 en Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté et 12 en Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire.
Situé à proximité du centre ville et des écoles primaires, l’établissement offre un cadre agréable et calme, propice au travail et à la réussite.
Attachée aux valeurs humanistes de Célestin Freinet, l’équipe pédagogique et éducative s’emploie à instruire et former tous les élèves pour qu’ils deviennent des adultes responsables, curieux, dotés d’esprit critique et capables de s’adapter aux évolutions de notre société.
C’est ce défi permanent que nous nous efforçons de relever en y associant les parents d’élèves et les différents partenaires de l’établissement.
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Albert LEMANT : un auteur-illustrateur

Certains élèves du collège ont réalisé un projet d’écriture "à la façon" d’Albert Lemant. Plusieurs phases ont été nécessaires à ce projet dont la finalité fut la rencontre avec Albert Lemant.

Article mis en ligne le 20 mai 2009
dernière modification le 26 mai 2009

par La Documentaliste.

Ce projet fait suite à la Quinzaine du Livre organisée par la FOL 37 qui propose la venue d’auteur à titre gratuit pour l’établissement. Trois professeurs se sont impliqués, en collaboration avec la documentaliste , dans un projet d’écriture qui a été retenu par la FOL 37. C’est pourquoi, l’établissement a bénéficié de cette rencontre.

 

Projet écriture et rencontre avec un auteur-illustrateur :

5è Bratislava et 5è Helsinki

« à la façon » des Lettres des Isles Girafines d’Albert Lemant

Premier temps : l’écriture du recueil et la réalisation des illustrations

Depuis octobre 2008, un groupe de treize élèves encadré par Mme Le Tennier et Mme Accoh ont travaillé sur leur temps libre au CDI tous les vendredis de 12h30 à 13h30. Ils ont réalisé :

  • un recueil de lettres illustrées : cette écriture a été faite par trois et cinq élèves qui ont écrit une à deux lettres chacun, lettres qu’ils ont ensuite illustrées « à la façon » des Isles Girafines d’Albert Lemant. Pour cela, ils ont fait diverses recherches sur l’Inde et le Canada, les explorateurs Jacques Cartier et Vasco de Gama ainsi que sur le poète Camoens. C’est Séraphine qui coordonna l’écriture afin de donner un sens cohérent à l’ensemble du recueil. Gibie Occart veilla à l’orthographe et aux belles lettres.

 

  • En février, les élèves ont découvert l’écriture gothique afin de réaliser la page de titre.

Page de titre en écriture gothique

 

  • un questionnaire visant à comprendre la démarche, les choix de l’écriture des Lettres des Isles Girafines

 

  • des oeuvres artistiques en grand format :

Exposition des oeuvres
Reproduction en 3D de certaines illustrations de leur recueil.
Le castor
Réalisé en plâtre à la façon de l’album "Un Prince est né"
L’Ile de l’Amour
réalisé en argile et inspiré du poème du même nom de Camoens.
L’éléphant
réalisé en papier
L’éléphant-Caméléon
réalisé aux crayons de cire.

 

 

La dernière réalisation a été remise le 19 avril 2009.

Deuxième temps : la mise en forme

C’est là que Séraphine entre en scène : après avoir récupéré par courriel les lettres, numérisé et imprimé les illustrations et les oeuvres en trois dimensions, elle a relié le tout pour la version papier du recueil. Puis, elle a préparé la version diaporama. Ces deux versions ne pouvaient être achevées qu’après la rencontre puisqu’Albert Lemant devait illustrer la première de couverture.

Recueil des lettres
extrait de la version papier.
Recueil des lettres
extrait de la version papier.
Recueil des lettres
extrait de la version papier.

 

 

Troisième temps : la rencontre du 5 mai 2009 de 9h30 à 12h00

Celle-ci s’est déroulée en deux phases : un moment de questions-réponses et un autre de présentation du recueil réalisé.

En introduction, Albert Lemant s’est montré très impressionné par le travail effectué . D’autre part, lui dont l’écriture et la vie n’est que jeu et de jeux de mots, a souligné des faits troublants : la FOL est à l’origine de sa venue, Freinet est un pédagogue extraordinaire et étonnant, les noms de classe originaux renvoient à des écrits comme le Loch Ness, présent dans le Journal d’Emma.

Ensuite, il a répondu aux diverses questions. Une synthèse en a été faite ci-dessous.

Albert Lemant
L’auteur répond aux diverses questions.

 

C’est ainsi qu’Albert Lemant nous a révélé les faces cachées des Lettres des Isles Girafines » .

Albert Lemant : faits troublants et Girafawalands

 

L’écriture donne un sens à sa vie. C’est une chance. Il a toujours voulu raconter des histoires et a toujours aimé qu’on lui en lise, très petit déjà. Très tôt, avant le collège, il aimait apprendre à dessiner et surtout apprendre les choses tout seul. L’écriture est pour lui un moyen de faire passer quelque chose ; elle véhicule des messages à ses enfants et à ses petits-enfants. Ces messages sont en rapport avec les girafes. Ce n’est pas anodin. Il y a dix ans environ, est née cette histoire des Isles Girafines. C’est très étrange. Il a toujours aimé les animaux, été fasciné par l’Afrique qui restait imaginaire, exotique avec sa jungle, les enfants, les femmes. Tout était dans la tête mais cela n’était pas finalisé. L’idée est partie de Kiki, son épouse, qui est à la fois peintre, sculptrice et plasticienne. Un jour, elle a fait des girafes avec des petites pattes. C’était très drôle. Et, ils se sont mis à raconter une histoire. C’est plus tard qu’il compris pourquoi cet intérêt. Sa fille qui faisait des études de cinéma est parti au Burkina Faso dans le cadre du Fespago. Elle y a rencontré son époux et est restée vivre là-bas. Deux petits garçons métis sont nés de cette union. Ainsi, avec les Lettres de Isles Girafines et le Journal d’Emma , il a raconté l’histoire plus sérieuse de la colonisation, du racisme vécus par sa famille alors qu’au départ tout n’était que drôlerie et imagination. Il s’est intéressé à la région correspondant au « Girafawalands » bien avant le départ de sa fille pour l’Afrique. Ce qui est troublant car elle s’est installée dans cette région traversée par le Niger, l’Empire Mandingue (Mali) avec la culture des Dogons très riche et statuaire qui fut le Soudan français, puis la Haute-Volta et enfin le Burkina Faso. Quel hasard, lui qui s’est installé dans les Hautes-Pyrénées !!! Pourquoi la girafe ? C’est un animal étonnant qui existe toujours, impressionnante avec ses quatre mètres de haut et ses tâches qui sont comme peintes à la main. Elle ne pouvait être qu’imaginaire. Elle court au ralenti. Il est vrai que le zèbre, le tigre ou le léopard aurait satisfait à la nécessité d’une couleur reconnaissable graphiquement et reproductible à l’infini. Mais l’étude de leur monde a permis à Albert Lemant de mieux les connaître : il a ainsi découvert que la girafe est muette, ses cordes vocales sont atrophiées. Elle communique autrement avec ses congénères. Des races ont disparu ; mais elle a survécu. Il reste trois à quatre races. Elle n’est pas en voie de disparition. Elle n’est pas chassée pour son cuir, pour sa peau, pour être mangée. Les lions ont peur d’elle car avec son cou elle peut les tuer. Le seul ennemi est l’homme qui s’attaque à son territoire comme le Sahara.

Autre fait drôle : un couple d’amis vivant en Afrique du Sud dans un ranch ont réintroduit des girafes. Deux nouveaux-nés sont arrivés à terme et ont été baptisés Kiki et Albert. Il raconte souvent des histoires vraies sans le savoir. C’est lors d’une exposition sur les Girafes & Cie qu’il s’en est rendu compte : Un homme n’aimait pas le nom de « thornicroft » car il s’agissait du nom de son grand-père, qui était anglais et grand chasseur. Il a tué la dernière girafe d’une race qui a pris son nom « thornicroft ». Il haïssait son grand-père pour cette raison.

Le choix de personnages anglais pour les lettres des Isles Girafines est lié à son amour de la littérature anglaise comme Alice au Pays des Merveilles qui est le non-sens, l’absurde ; Il aime aussi tout ce qui est voyage, exploration comme dans

L’île au Trésor, Mobidick ; les Anglais étaient non seulement de grands explorateurs mais aussi les maîtres des mers. Il y a aussi l’humour avec le thé anglais. Albert Lemant aime la dérision, la moquerie. Ainsi, vous pouvez y trouver de nombreuses références à la littérature anglaise. Quant au 19 siècle, c’est l’intérêt pour l’époque victorienne avec Sherlock Holmes qui l’explique. Les personnages sont réels comme Lovingstone ou Marmaduke. Il a juste changé une lettre.

Certaines idées comme la naissance double étaient des évidences. Le Girafawara et la girafe sont plus que des jumeaux ; ce sont des gemeaux. Ils sont liés dans la vie. Tuer l’un c’est tuer l’autre car il sont dépendants. En fait, c’est l’histoire de la disparition du bison. Buffalo Bill, grand chasseur et bien d’autres ont exterminés les bisons et par voie de conséquence les Indiens d’Amérique qui vivaient au rythme des migrations des bisons.

Enfin, les Lettres des Isles Girafines sont aussi une histoire d’amour. Mais, ce sont des élèves qui l’ont révélé à Albert Lemant : il raconte la vie d’un homme qui aime une femme. Il finit par disparaître car il est malheureux. Ses lettres restent les lettres sans réponse, mortes.

 

Au final, l’auteur nous a expliqué que ces lettres faisaient partie d’une trilogie :

  • Lettres des Isles Girafines : récit d’un explorateur, camarade d’Emma qui parle de la colonisation et de la disparition de ce peuple découvert ensemble, quelques années plutôt.

  • Journal d’Emma : découverte de l’existence des Girafawaras et de leur exploration du monde. Mais, Emma y confie qu’elle préfère rester en Afrique car elle ne partage pas les idées colonialistes de ses camarades qui décident de retrouver ce peuple.

  • 3è livre en recherche d’éditeur : c’est la même histoire, mais narrée du point de vue des girafawaras. Civilisation de l’oralité, on ne pouvait que concevoir ce livre comme Albert Lemant l’a fait ; c’est-à-dire avec un support oral (un cédérom) accompagnant l’album. Nous attendons avec impatience ce dernier.

 

 

Nous remercions Albert Lemant. Cette rencontre nous a permis de mieux comprendre l’écriture des Lettres des Isles Girafines qui nous rappellent que bien souvent rêve et réalité sont intimement liés.

 

Enfin, les élèves-écrivains ont lu leur lettre et commenté leur illustration.

Exposition
Illustrations des Isles Girafines entourées par celles des vallées bisontines et éléphantines.

 

 

 

Albert Lemant, suite à cette présentation, est resté troublé. Il a remarqué effectivement que le récit des élèves est fait d’éléments inventés comme les éléphants-caméléons ou les bisons au Canada. Mais, le choix du Canada est troublant car il reconnaît des faits réels que lui a vécus lorsqu’il s’y est rendu : le Saint-Laurent, les Grands Lacs et une maison de castor !!! Comme il est aussi surprenant d’avoir choisi le bison dont le rapport avec les Lettres des Isles Girafines a été signalé plus haut. Quant au choix de l’Inde, c’est l’Ile de l’Amour qui le laisse pantois. Sa femme Kiki est, en effet, en train de travailler sur un livre dont le thème est le coeur, ce qu’ont représenté les élèves.

Les trompes en forme de coeur

Enfin, leur histoire est une histoire d’amour comme les Lettres des Isles Girafines

Albert Lemant est surpris de voir que la conception du livre avec les deux pays qui se rejoignent au centre est très « drôle ». D’un côté, l’Inde qui a su résister au colonialisme grâce à sa culture très forte et de l’autre les Indiens d’Amérique qui ont disparu eux ou qui vivent dans des réserves en ayant perdu le sens de leur vie !!!!

La version diaporama a été projetée.

 

Ainsi, Albert Lemant avait tout en main pour réaliser la première couverture de leur recueil. Séraphine a fourni la peinture et les pinceaux pour l’aquarelle. Pas facile d’honorer cette commande quand d’habitude une illustration naît après plusieurs croquis, des temps de pause, un repli dans son atelier, une ambiance propice à la création. C’est donc après deux, trois croquis qu’il s’est lancé. Il a relevé avec brio le défi en trente minutes environ.

 

Croquis de l’illustration
Albert Lemant explique qu’il commence toujours par plusieurs croquis.
Illustration à l’aquarelle
Albert Lemant passe la première couche.

Illustration à l'aquarelle

 

Quatrième temps : bilan

La rencontre terminée, un bilan a été fait. Les élèves ont été enchantés et agréablement surpris par Albert Lemant. Suite à son illustration, un nouveau titre a été donné en utilisant la technique du mot-valise. Ainsi naquirent « les Biséléphanwaras ».

 

Cinquième temps : publication

La publication en ligne s’achève ainsi avec la version diaporama illustrée par Albert Lemant avec Séraphine comme technicienne de mise en forme.

 

Nous remercions toutes les personnes qui se sont impliquées et ont permis l’aboutissement de ce projet de longue haleine.

 

Les Biséléphanwaras
Recueil épistolaire